Hello,
Samedi nous avons annoncé aux enfants que nous allions quitter les USA au début de l'été et retraverser l'Atlantique en famille vers l'Europe, banlieue de Londres, après 3 très très belles années passés ici en Ohio!
Le Conseil de famille n'a pas été trop dur au final et nous voilà enfin presque soulagés et "heureux". Cette étape que je qualifie de "digestive" met un point final à 6 mois de stress contenu et ouvre les portes d'une nouvelle période probablement éreintante physiquement.
Par quelles étapes suis-je passée? Voilà ce que je j'aimerais partager avec vous au travers des quelques lignes qui suivent. Ces quelques paragraphes ne sont en rien un texte analytique et ne peuvent en aucun cas être appliqués à tous. Nouveaux Expats, Expats au long cours, ne déprimez pas! vous aurez sans aucun doute des réactions et ressentis différents. Je ne parle que de mon ressenti et des aventures de la famille Squirrel.
Septembre 2013 : jusque là, pas de surprise, quand nous sommes partis 2 ans auparavant, je ne me sentais pas expatriée dans l'âme. Je ne voulais pas rester trop longtemps éloignée de nos familles, des amis.
Notre objectif était donc clair: réussir cette mission et rentrer en France dans notre "chez nous" pour l'entrée en 6ème de la Girly Squirrel !
Mais voilà, en septembre, une fois les enfants rentrés à l'école, la routine reprise, l'idée s'est installée; d'abord mise en avant pas le passeport de Monsieur Mon Mari qui vient de le renouveler: nos visas se termineront à l'été 2014.
Puis l'idée s'est développée: lors d'un dîner entre français "vous allez repartir vous? vous aimez votre vie ici?, pourquoi ne pas re-signer?", puis au téléphone avec la France, en famille, "de toute façon, vous rentrez définitivement l'été prochain!?" (le double emploi de l'exclamation et de l'interrogation est important, car cette phrase vous est affirmée avec une telle véhémence que vous commencez à défaillir), entres amis, sur Skype "on ne peut pas venir vous voir, quand rentrerez-vous? qu'on puisse se revoir, les enfants grandissent, on ne se voit pas". Oui je sais tout cela, au fond de moi, mais merci de ne pas trop me le répéter, cela me fait mal à moi aussi (ça évidemment vous le pensez, mais vous évitez de le dire, vous vous contenez).
Après tout, rien d'étonnant: le départ, la séparation ont été durs et nous avions toujours dit 2 ans. Puis nous nous sommes laissés aller à 3…. Rien d'étonnant sauf que la routine s'est installée dans cette aventure, les enfants et les parents ont maintenant des amis, des activités, tout roule pour nous ici pendant que la crise s'affaire en France, que le moral des français baisse. De plus, on a un peu oublié nos objectifs de départ! Après tout pourquoi ne pas rester bien chaussés dans cette vie confortable, parmi cette communauté américaine si accueillante et dynamisante? time goes so fast!
Allez vous n'allez pas rester là les bras ballants, je ne suis pas du genre à réfléchir pendant des heures (sauf pour les comparaisons de prix sur certains achats : là cela peut durer des semaines, avant et après l'achat,je suis redoutable mais c'est une autre affaire). Un soir MMM vous pose la question fatidique: - "t'es toujours OK pour rentrer en France ou en Europe l'été prochain?".
- "lançons-nous", vous entendez-vous lui répondre alors que vous remplissez d'une main le lave-vaisselle et que de l'autre, vous vous versez une tisane (comment ça c'est pas du tout comme ça chez vous?)."Oui lançons-nous, allez on rentre!".
J'ai dit "lançons-nous" moi? êtes-vous surs? non… Jusqu'à Noël, j'essaierai d'oublier, de me mettre la tête dans le sac, dans la neige, plutôt! de m'affairer à l'organisation des vacances… De toute façon, on ne peut en parler que très rarement : c'est la fin de l'année pour MMM qui ne cesse de faire des allers-retours Canadiens, les enfants seraient franchement déstabilisés si on en parlait avec eux. Certains de vos amis sont face à la même décision et je ne souhaite pas ajouter à leur poids. Mais attention, la pression pernicieuse est là, au coin de mon mail, dans mon téléphone… "tu as pris tes billets pour les vacances d'été 2014?", "prendrez-vous de nouveau un voiture en TT?", "as-tu pensé à ton rendez-vous chez cette ophtalmo qui est si bien?, ici en France l'attente est quasiment d'une année",
Et bien, non, non, non, je n'ai rien envie de tout cela. Je suis dans le vide, d'une humeur de chien, relativement repliée sur moi-même, ou plutôt sur les préoccupations quotidiennes de notre petit noyau familial isolé.
Jusqu'à un jour de fin décembre, quelques jours avant Noël. MMM rentre très tendu, avale son repas sans grande discussion. Il est complètement fébrile en attendant que les enfants se couchent et vous "crache" littéralement la nouvelle vers 21h05 tout en ayant vérifié par 2 fois qu'un des kids Squirrel ne serait pas redescendu en se cachant ou ne serait pas allongé dans sa chambre, l'oreille collée à la moquette pour jouer au spy (ça arrive plus souvent qu'on ne le pense figurez-vous); "j'ai des pistes, rien de définitif bien sur". Non rien de définitif, sauf que vous sentez bien au fond de vous… que ça y est c'est parti !
A ce moment là, commence une autre étape : celle où, je suis contente, mais aussi anxieuse:
contente parce que les opportunités telles qu'il les décrit sont top,
contente aussi parce que même si la vie est belle ici, mes amis et ma famille me manquent…
contente parce que j'ai du mal à me faire à l'idée quand même que enfants pourraient faire toutes leurs études ici.
Oui je sais ce que vous pensez peut-être, vous fidèles lectrices et lecteurs… n'est-elle pas folle ? moi si j'étais expat aux US, en famille avec des enfants heureux, des $$$$$ et la santé, Skype et internet pour échanger, j'y resterais…oui, je suis d'accord avec vous sur tout, mais l'Atlantique c'est grand, le Middle West des US encore autant …les liaisons United? plutôt de plus en plus chères et de moins en moins pratiques (ils viennent d'annoncer qu'ils fermaient leur hub à Cleveland, ce qui n'est pas bon du tout) et ce temps qui file… les enfants qui grandissent trop vite!
contente donc parce que même si ce n'est pas la France, ce n'est pas loin après tout! à ce stade de la discussion, on parle destinations aux portes de la France. Les liaisons directes avec Paris ou Bordeaux ou Nantes sont faciles. Les enfants vont pouvoir rentrer dans une école internationale ou française! what else ?
Anxieuse aussi, parce que j'ai bien senti lors de cette "première" annonce d'ébauches" de "propositions" de retour "éventuel" que le compte à rebours était varient déclenché.
J'ai bien senti que pendant 1 mois et demi, à moins d'un énorme changement, les discussions allaient être tendues avec MMM, fatigué, à faire son boulot le jour et á discuter, chercher des infos, réfléchir à ce projet, la nuit!
anxieuse aussi, parce qu'obligée de me plonger dans des recherches quant à plusieurs destinations, systèmes scolaires…sans pour autant pouvoir concrétiser quoi que ce soit.
anxieuse enfin, parce qu'étant tout à fait incapable de partager avec quiconque.
Nos familles, nos amis hors de question ou le questionnement deviendrait incessant… et puis de toute façon, à chacun ses ennuis. L'un se soucie des résultats des enfants étudiants, l'autre de la santé d'un membre de sa famille, d'autres encore vivent un énième plan au boulot… chacun a son lot et je respecte totalement.
Nos enfants ? la vie continue, ils ne veulent pas voir Maman stressée. Maman est un "adulte référent". Elle est là pour maintenir la paix dans la maison et (c'est bien connu) n'a pas de souci autre que de repondre aux questions des enfants, de préférence de manière positive.
A ce moment là, la situation empire, vous commencez à faire franchement des cachotteries! oui, parce que vous avez voulu partager un peu, rassurer votre famille (vous rassurer aussi, vous convaincre que la machine est bien en marche) et lors des Voeux vous avez lancé la formule "2014 sera pour nous une année de changement"… Vous pensiez qu'ils comprendraient dans la formule… remaniement ministériel à la tête de la France, mais non pas du tout. Malgré tous leurs soucis, les inondations et les tempêtes successives, la réponse ne s'est pas faite attendre: "que peut-on vous souhaiter d'autre? on vous attend ici! 2014 sera l'année de votre retour, c'est top!".
Et les question suivent, elle fusent…"tu en sais plus? dis-nous….allez!".
On est le 20 janvier et mon état nerveux se détériore franchement; heureusement, je suis occupée avec mes quelques activités. Je blogue, je bricole, je lis, je bois des cafés et des thés avec des copines, une vraie "femme d'expat dans un compte de fée"….Lucky va!
En plus, les enfants ont du pain sur la planche à l'école et quand on leur demande s'il aimeraient potentiellement rentrer en Europe, ils réagissent à chaud et citent sans trop réfléchir Londres! Ouffffffff!
ne pas se sentir sauvés quand même car 1 heure après Little boy reviendra vers nous en nous demandant si on parle de destination de vacances ou de changement définitif? (non parce que moi, j'adore mes classantes et ma teacher, partir, NO WAY!) Aie…
Dans le même temps, je me cache, j'évite de trop communiquer avec la France histoire que le débat ne soit pas relancé.
Les discussions avec MMM sont rares (concentration et négociation); en plus j'évite de trop poser de questions: mon émotivité est telle que je pleure pour un rien et que je ne vois plus que les points négatifs de tout. Je reçois des mails avec des demandes urgentes (on met les enfants en école française ou pas? …tu peux appeler les collèges ? "ah il n'y pas de place du tout" "ah, le choix est fait du coup" c'est quoi les prix?… peux tu regarder sur tel et tel site pour les apparts ou les maisons)
Et les maux de ventre et les nuits raccourcies commencent… ils ne me lâcheront plus jusqu'à samedi dernier.
Entre temps que s'est-il passé ? MMM a finalement donné son accord, ce qui m'a soulagé car après tout ce temps à peser les pours et les contres on finit par avoir l'esprit embrumé et par ne plus vouloir bouger.
Très vite ensuite nous avons communiqué auprès de notre famille toute proche et les avons rassurés. Là de nouveau période difficile pour moi, pour nous: passer tous les coup de fil pendant que les enfants sont absents. Lors conversations skype hebdos des kids à leurs grand-parents, éviter que la conversation ne dérape! envoyer MMM et son Blackberry au basement systématiquement (oui je sais je ne suis pas cool, en plus il fait froid dans ce basement)et essayer de tenir. Oui tenir, parce que finalement savoir ce que l'on va faire dans 4 mois, c'est bien cela nous permet de nous préparer, mais il n'en est pas de même pour les enfants. Ils ont besoin de rester concentrés sur les résultats scolaires. Vus le nombre de snowdays pris à cause du mauvais temps, ils ont accumulé un vrai retard dans le programme et il est donc hors de question de les déranger.
Et puis samedi, on a craqué! Etant obligés de prévenir l'école et d'expliquer pourquoi nous avions pris tant de retard dans les re-inscriptions, nous sentions bien que la nouvelle allait faire "pchit" et revenir sous peu, telle un boomerang via les enfants qui le vivraient particulièrement mal.
Nous avons donc convoqué un rapide conseil de famille que je vous conterai plus tard! tout comme la suite des événements… enfin si vous décidez de continuer à suivre les aventures de Mme Squirrel qui papote beaucoup trop!
Un merci tout particulier à ceux et celles qui seront arrivés jusque là,
Bonne soirée,